Cobra Kai [Saison 1-3]
1984, le film Karate Kid sort dans les salles obscures. Les spectateurs y découvrent l’histoire de Daniel Larusso, un ado qui vient de déménager à cause du changement de travail de sa mère et qui doit s’adapter à sa nouvelle vie. Rapidement il rencontre la jolie Ali et les deux jeunes tourtereaux commencent à flirter. C’est alors qu’un certain Johnny, l’ex d’Ali et accessoirement champion de karaté, va décider de s’en prendre à Daniel et d’en faire son souffre-douleur. Avec ses amis, Johnny n’aura de cesse d’harceler Daniel jusqu’au soir où ils vont décider de le tabasser violemment. Le jeune garçon ne devra son salut qu'à l'intervention de l’énigmatique Monsieur Miyagi. Le vieil homme, immigré japonais, s’occupe des réparations dans l’immeuble où vit Daniel. Il a une passion pour les bonsaïs et s’y connaît apparemment très bien en karaté. Daniel lui demande alors de l'entraîner. Au début Miyagi refuse puis en allant voir le dojo où s'entraîne Johnny, il fait la connaissance de leur sensei, Kreese. Un ex militaire qui détourne les valeurs de base de cet art martial, self-defense et maîtrise de soi, pour en enseigner une forme basée sur la violence. Miyagi décide alors de lui lancer un défi, toute cette histoire allant se régler pendant le grand tournoi de karaté de All Valley. Daniel, entraîné par Miyagi, va arriver en finale face à Johnny et va gagner !
2018. Youtube s’essaie déjà depuis quelque temps au dur exercice de produire des séries. Parmi ce que propose la plateforme, on peut en trouver une nommée Cobra Kai... Ce qui était, dans Karate Kid, le nom du dojo de Johnny Lawrence. Cobra Kai est en fait la suite de Karate Kid mais 34 ans plus tard. L’idée de génie de la série ? Ne pas se focaliser sur Daniel, le héros, mais sur Johnny, le “bad guy” du film, et transposer tout ça à notre époque. Succès critique, Cobra Kai ne fait pourtant pas beaucoup de bruit. Il faut dire que la plateforme Youtube n’est pas réputée pour ses productions. Il faudra attendre l’arrivée de Netflix pour y remédier. Le géant du streaming va en effet se payer les deux saisons déjà disponibles puis va immédiatement lancer la production d'une troisième. Une troisième saison qui est sortie en tout début d’année 2021 et qui a extrêmement bien marché, donnant ainsi à la série enfin toute la reconnaissance qu’elle mérite.
34 ans plus tard…
2018. Pour Johnny Lawrence, qui a maintenant la cinquantaine, la vie est une tartine de caca et il doit en manger un peu tous les matins. Il vit dans un appart' miteux, se nourrit à base de bières et de junk food, enchaîne les petits boulots ingrats et roule dans une vieille bagnole. L’image du beau gosse champion de karaté semble bien loin. Le pire dans tout ça ? Régulièrement, il voit des pubs à la télé, à la radio ou dans la rue qui vantent les mérites des concessions automobiles Larusso. Larusso Automobile pour Daniel Larusso, celui qui l’a battu il y a plus de 30 ans en finale d’un tournoi de karaté et qui semble lui envoyer sa réussite en plein visage. L'arrivée dans le même immeuble que Johnny du jeune Miguel va cependant tout changer. Un soir, alors que l’ado se fait malmener, Johnny intervient en utilisant le karaté pour mettre une raclée aux agresseurs. Miguel, impressionné, lui demande alors de lui apprendre à se défendre. Dans un premier temps, Johnny refuse. Et puis, il finit par dire oui. Petit à petit Miguel prend confiance et son image au lycée change, ramenant ainsi plusieurs personnes vers Johnny qui veulent elles aussi êtres formées par lui. Et si… et si c’était le bon moment pour refonder Cobra Kai ?
Comme déjà évoqué plus haut, le coup de génie de la série est de se focaliser sur la trajectoire de Johnny plutôt que sur celle du héros des films (Daniel). Et pourquoi ça fonctionne aussi bien ? Tout simplement parce que le personnage est savoureux. Asocial, grande gueule, vanneur, grincheux, réfractaire à toute forme de nouvelle technologie, Johnny a tout du personnage sorti de la fin des années 80 et qui se serait perdu à notre époque. Et contre toute attente, il est extrêmement attachant. On adhère immédiatement à son style, à ce que ça raconte. Que se passe-t-il pour le “méchant” qui perd dans les films d’action ? Peu de films ou de séries s’y sont vraiment intéressés. Cobra Kai remplit cette tâche à merveille. Mais n’allez pas croire que la série ne propose que ça car Cobra Kai, c’est avant tout une histoire de rédemption, de changement, de revanche et sur comment reprendre sa vie en main. Pour Johnny évidemment mais pas que. La vie de Daniel Larusso, qui semble idéale avec son affaire qui marche, sa jolie femme et ses deux enfants, se révèle bien vite moins idyllique que prévu. Autre idée de génie de Cobra Kai ? Reprendre les mêmes acteurs que pour le film de 84 ! Ainsi, William Zabka reprend le rôle de Johnny pendant que Ralph Macchio reprend celui de Daniel. Clairement, le fait d’avoir pu afficher ce casting se pose comme la cerise sur le savoureux gâteau à la nostalgie qui nous est proposé. Les acteurs se re-glissent d’ailleurs dans leurs rôles comme s'ils l’avaient quitté il y a peine cinq minutes et on sent clairement qu’ils prennent un pied monstrueux à se retrouver.
Pour autant n’allez pas croire que Cobra Kai se contente d’utiliser de manière fainéante la hype d’un film culte de la pop culture. La série est vraiment généreuse en termes de nouveautés. Si Johnny et Daniel ne sont jamais bien loin, le focus est également mis sur toute une nouvelle génération de jeunes ados. On y suivra entre autres, Miguel, l’élève de Johnny, qui va développer avec lui une relation filiale qui va changer à jamais les deux hommes ou encore Samantha, la fille de Daniel, en proie aux tourments habituels de l'adolescence. Et on pourrait citer encore bien d’autres personnages mais ce qu’il est important de retenir c’est que tout ce petite monde est admirablement bien géré. Chaque personnage apporte quelque chose d’intéressant, un nouvel angle de réflexion, un nouvel arc scénaristique et tout finit par s’entrecroiser de manière fluide. Au final, on obtient un mélange absolument parfait entre le côté nostalgique qui envoie moult clins d'œil et références aux fans des films Karate Kid et le côté nouveautés qui amène beaucoup de fraîcheur, ce qui fait de Cobra Kai une série qui arrive à accrocher le spectateur très rapidement.
Strike First! Strike Hard! No Mercy!
S'il fallait désigner le plus gros point fort de Cobra Kai, ce serait incontestablement le développement des personnages. Que ce soit l’arc de rédemption/revanche semé d’embuches de Johnny, les mésaventures de Daniel qui doit jongler avec le retour de son vieux rival, les conflits familiaux et les problèmes liés au travail, la construction de Miguel qui voit en Johnny la figure paternelle qu’il n’a jamais connue, le tout se suit avec intérêt. Même certains personnages que l’on n’attendait pas, que l’on pensait secondaires ou stéréotypés sauront grandement surprendre à l’image de Hawk, tête de turc de son lycée qui va se transformer (y compris physiquement) en tout autre chose.
Cobra Kai arrive également à maîtriser totalement ses ambiances. C’est souvent badass et drôle mais également très touchant. Les références aux années 80 sont extrêmement bien utilisées. L’univers créé par les films se retrouve ici enrichi et développé et si revoir William Zabka et Ralph Macchio reprendre les rôles de Johnny et Daniel est un plaisir de tous les instants, les spectateurs auront droit à bien d’autres retours surprises que nous ne spoilerons pas ici. Des retours qui sont en plus extrêmement pertinents et savamment bien utilisés. Les fans de la trilogie originale Karate Kid seront aux anges. Problème : vous n’avez jamais vu les films Karate Kid ? Pas de souci, la série fait en sorte de proposer plusieurs flashbacks pour ne perdre personne en route. Ainsi ceux qui ne sont pas familiers avec la licence ne seront jamais perdus même s'ils passeront forcément à côté de plusieurs clins d'œil. Pour ceux qui connaissent les films par contre, chaque référence fera mouche et procurera moult sourires en coin.
Bien entendu, avec une série basée sur des films qui parlent (entre autres) de karaté, il n’y a pas que du développement de personnage et des dialogues, il y a aussi de la baston. Autant être honnête, il ne faut pas s’attendre à quelque chose du niveau de Warrior (ma critique de la saison 1 est disponible en cliquant ici) ou encore de Into The Badlands. Pour autant, Cobra Kai propose quand même beaucoup de scènes de combat réussies. C’est souvent très bien chorégraphié, tantôt drôle et badass, tantôt bien plus dramatique. Et certaines séquences sont vraiment mémorables comme par exemple la fin de la saison 2 et sa bagarre scolaire générale totalement hors de contrôle. Puis revoir Johnny et Daniel combattre à nouveau est une sacrée madeleine de Proust. Pour continuer sur les bons côtés de Cobra Kai, on citera la bande-son remarquablement bien choisie ou encore le format ultra efficace. Chaque saison se compose de 10 épisodes d’environ 30 minutes et le tout s'enchaîne vraiment bien. Ne pas tout dévorer en quelques soirées sera un véritable challenge. Mais alors et les défauts ? Pour être honnête, il n’y en a pas vraiment. A moins de ne pas accrocher à l’ambiance et au concept, la série se dévore toute seule. Bien sûr, ceux qui recherchent une qualité de conception haut de gamme avec une mise en scène ultra travaillée et du gros budget pourront faire la fine bouche car nous ne sommes clairement pas au niveau d’un Better Call Saul ou d’un Chernobyl mais ce serait jouer à l’élitiste tellement le but, les ambitions et les moyens diffèrent.
Post publié par Damzé le 03/03/2021 10:03
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