Deadpool & Wolverine

« C’est terminé, c’était la dernière fois ! Je ne me ferai plus avoir par Disney et son MCU blindé de fan service. Si on enlève les caméos, le film est vide et en plus c’est réalisé avec les pieds ». Cette citation ? C’est moi à la sortie de Spiderman No Way Home. Et vu que vous êtes là en train de lire ces lignes, ça veut dire que je suis allé voir Deadpool & Wolverine et que donc j’ai craqué à nouveau. Disney et le MCU m’ont encore Mickey. Je ne voulais pas y aller hein, mais j’ai vu des spoils et des extraits sur X. Caméos, retours d’acteurs connus, Hugh Jackman qui revient jouer Wolverine… j’ai été faible.

Du coup autant en profiter pour en faire une critique. Est-ce que ce Deadpool & Wolverine est autre chose qu’un enchaînement de caméos bricolés autour d’un scénario foireux qui se sert du multivers pour justifier ses incohérences et sa pauvreté ? Ou est-ce que, bravant toutes les lois d’Hollywood, le film est une surprise. Une œuvre introspective et profonde qui nous questionne sur la place de l’homme dans l’univers en le mettant face à la vacuité de sa propre existence ?
 

M(cDo)CU

Wade a raccroché les gants, ou plutôt le masque. Deadpool ? C’est terminé, du passé. Il vit maintenant une petite vie tranquille dans laquelle il est vendeur de voitures. Vanessa l’a quittée. Bref, ça ne va pas fort. Jusqu’au jour où… oh et puis vous savez quoi ? On va faire comme ceux qui ont écrit le scénario du film, on va s’en battre les noix. Donc Deadpool, blablabla, fin du monde sortie de nulle part, blablabla, besoin de Logan, blablabla, Logan mort donc multivers, blablabla, plein de caméos, blablabla, blagues bien sales et bastons, blablabla.

Deadpool & Wolverine, c’est encore ce vieux débat du « tu préfères un McDo ou un vrai resto ? ». Le vrai resto, c’est meilleur, mais parfois, on se surprend à se faire un petit McDo. C’est vite fait, on attend moins, c’est gras et ça bouche les artères, mais cette merde est faite pour nous tenter. C’est la même chose avec ce film. On sait très bien que le scénario n’est là que pour tenter de justifier une énième aventure multiverselle sans queue ni tête. Ce n’est pas très bien réalisé, c’est plutôt moche (la photographie du film est particulièrement horrible), blindé à raz bord de fan service salement étalé à coup de truelle et niveau histoire, c’est totalement dérisoire et sans conséquence dans l’immensité du MCU. Et pourtant, comme pour le McDo, on craque. On craque parce que dès fois, ça fait du bien. D&W, c’est 2 hr de vannes sous la ceinture, de cassages du 4ème mur, de combats bien violents et sanglants ou ça coupe et transperce à tout-va. On sait que ce n’est pas du grand cinéma, mais au final, ce n’est pas si désagréable que ça.

Revoir Hugh Jackman reprendre le rôle de Wolverine est un réel plaisir et, cerise sur le gâteau, il a enfin son costume iconique. L’acteur est très en forme et son duo avec le Deadpool de Ryan Reynolds fonctionne vraiment très bien. Un Deadpool égal à lui-même, c'est-à-dire une mitraillette à vannes qui en fait des caisses et qui n’hésite pas à défourailler. Si vous avez vu les 2 premiers films, vous savez à quoi vous attendre. Le fait que celui-ci ne soit pas PG13 permet en plus de laisser à son duo de protagonistes toute latitude pour racler dans le lard et ils ne s’en privent pas. Ceux qui avaient été frustrés par le Logan des films X-Men qui était bien moins violent et bestial que dans les comics seront ici comblés. Comme dans le film Logan de James Mangold que je vous recommande chaudement (ma critique est dispo ici). Un film qui, malheureusement, se fait totalement retcon alors qu’il proposait un run final inoubliable à son héros. Tel est le prix à payer quand on veut ramener un personnage mort. D’ailleurs, D&W n’hésite pas à vanner là-dessus avec un Deadpool balançant à Logan/Hugh Jackman que maintenant qu’ils l’ont ramené, les gens de chez Disney vont le faire jouer ce rôle jusqu’à ses 90 ans. En tout cas, on ne s’ennuie pas, ce qui n’était pas forcément le cas devant le très décevant Spiderman No Way Home aka le précédent gros attrape-couillo… pardon projet pour les fans de Marvel.
 

Le serpent qui se mord la queue

Ok alors c’est fun, violent, blindé de fan service et, on s’en doutait, porté par un scénario bidon qui aurait pu être écrit par une IA. On aurait donc tendance à se laisser facilement aller à dire que « au final, ça va quoi ». Sauf qu’il faudrait quand même essayer de se respecter un peu plus. Déjà parlons du budget. 200 fuckin’ millions de dollars ! Ma question ? Où est passé ce putain d’argent ? Non parce que déjà ce n’est pas dans la réal’ d’une platitude sans nom et incapable de sortir une scène d’action vraiment mémorable hormis l’intro du film. Ce n’est pas non plus dans les effets spéciaux qui sont parfois juste corrects voir un peu crados. Et ce n’est pas non plus dans la photo ou d’autres domaines. Pour un tel budget, D&W propose visuellement quelque chose d’assez dégueulasse. C’est terne, fade, avec un côté couleurs délavées. Il n’y a aucun plan marquant, aucune audace dans la mise en scène, zéro inventivité de la part du réal’. Ma conclusion ? Soit, nous sommes face à l’une des plus grandes tentatives de blanchiment d’argent de l’histoire, soit le salaire d'Hugh Jackman était de 180 millions de dollars. Le même film avec une réalisation au niveau de celle d’un Batman v Superman couplé à un scénario un peu mieux écrit et nous étions face à un vrai cadeau pour les fans. Quand on voit de quoi certains films sont capables avec des budgets infiniment plus petits, c’est quand même franchement honteux.

Et c’est ce qui termine de faire de D&W un film paradoxal. On devrait totalement le détruire, jouer un minimum les élitistes et envoyer Disney se faire Mickey bien profond et pourtant on ne le fait pas. Le film a dépassé le milliard au box office. Je suis allé le voir en sachant à quoi m’attendre, comme énormément de gens. Curieux comportement du serpent se mordant la queue. Je sais que le film n’est pas fou... mais il y a Deadpool et Wolvie ! Je sais que je ne devrais pas me faire avoir et le tailler… mais il y a des caméos géniaux ! Je sais que devrait jouer le cinéphile un minimum exigeant et envoyer tout ça valdinguer… mais y’a Hugh Jackman de retour ! Bref je me retrouve à critiquer un truc que je n’arrive pas à détester autant que je le voudrais. Tel mes yeux devant un soutif push-up semblant prêt à exploser, je sais que je me fais racoler et pourtant, je me laisse avoir. Que voulez-vous, j’aime beaucoup trop les niba… les films de super-héros.