Zone Dubitative

Pillars of Eternity II : Deadfire - Ultimate Edition [Xbox One]

Avec Pillars of Eternity, Obsidian avait réussi à raviver la flamme des RPG à l'ancienne avec un jeu de rôle basé sur un système de combat en temps réel avec pause, se présentant ainsi comme le digne héritier du Bioware de la fin des années 90. Un Bioware qui avait à l'époque sorti les cultissimes Baldur's Gate (basés sur la licence Donjons & Dragons : Les Royaumes Oubliés) et s'était fait un nom dans le milieu du RPG. Mais le premier Pillars, aussi bon soit-il, avait quelques soucis, notamment en termes d'accessibilité pour les non habitués du genre. Le lore était très (trop diront certains) touffu, il fallait avaler des pages entières de codex pour bien cerner l'univers et la trame principale pouvait parfois s'avérer un poil trop complexe à suivre. De plus le jeu se passait essentiellement dans la même région. Tout en continuant sur sa bonne lancée, Obsidian a promis d'améliorer sa recette avec un deuxième opus qui, comme le premier, est passé par un crowdfunding pour voir le jour. Et comme pour le premier Pillars, cette suite débarque enfin sur console plusieurs mois après la version PC. Alors que vaut ce Pillars of Eternity 2 : Deadfire ? Obsidian a-t-il réussi à affiner sa recette ? Le jeu est-il accessible pour les novices du genre ou pour ceux qui n'auraient pas fait le premier ? Peut-il contenter les vieux routards de la discipline ? C'est ce que nous allons essayer de voir…

 

Un RPG 2 en 1

Pillars of Eternity 2 (PoE 2) accueille le nouveau joueur avec premier un choix peu habituel. Il ne s'agit pas d'une création de personnage ou autre mais d'un choix de gameplay. Obsidian a décidé de permettre aux joueurs d'utiliser deux systèmes de jeu bien différents. D'un côté, le combat en temps réel avec pause (comme dans PoE 1). Derrière ce nom peut-être inconnu pour certains se cache en fait un système très dynamique et tactique qui demande une bonne gestion de son groupe d'aventuriers. Concrètement comment ça se passe ? Un combat commence, le temps se fige, vous pouvez alors donner des ordres à votre groupe : par exemple sélectionner son guerrier pour lui dire d'attaquer un adversaire, puis son mage auquel on ordonne de rester en retrait pour préparer un sort tout en positionnant un paladin devant ce dernier afin de le protéger. Une fois que vous appuyez sur la touche pour que le temps reprenne son cours, vos personnages et les ennemis agissent alors en temps réel et votre groupe exécute la série d'ordres que vous lui avez donnée. Vous pouvez évidemment réenclencher cette pause tactique qui gèle le temps à volonté. Ce système demande d'être réactif et d'aimer la gestion.

Heureusement, pour ceux qui n'ont pas envie de faire pause trop souvent (par exemple contre un groupe d'adversaires de bas niveau facile à vaincre), Obsidian a pensé à incorporer un système d'IA personnalisable. Vous pouvez ainsi donner à votre guerrier un comportement du type "attaquer automatiquement l'ennemi le plus proche", ce qu'il fera dès le début d'un combat. Bien sûr, il suffira au joueur de faire pause et de donner un ordre spécifique pour changer ce comportement lié à l'IA si le besoin s'en fait sentir (ce qui arrivera sûrement contre des ennemis très forts). Bref, que vous vouliez tout gérer vous même ou que vous déléguiez à l'IA pour fluidifier les combats, ce système qui a fait ses preuves se révèle encore une fois addictif et dynamique... y compris avec une manette dans les mains, chose qui n'était pas acquise d'avance étant donné que PoE est une licence qui se joue à la souris sur PC. L'ensemble des manœuvres possibles se veut moins instinctif et réactif au pad mais reste plutôt agréable grâce à une bonne adaptation de la part des développeurs. Les changements de personnages et les sélections de capacités se font rapidement via les gâchettes et les boutons de tranches pendant que le stick gauche remplace la souris et permet de diriger le curseur sur l'écran.

Obsidian a remis au goût du jour les combats en temps réels avec pause, Larian a fait exactement la même chose avec les combats au tour par tour grâce au jeu Divinity Original Sin. Sentant l'opportunité et à cause d'une demande d'une partie des joueurs, les développeurs de chez Obsidian ont donc décidé de créer un mode tour par tour pour PoE 2. Une tentative risquée qui demande beaucoup d'adaptation pour fonctionner, le système de base du jeu n'étant pas prévu pour. Au final, le résultat est étonnamment bon. Avec ce système, plus de pause, plus de combat en temps réel et plus d'IA. Quand vous croisez un groupe d'ennemis, un ordre d'action est établi en fonction des stats de vos personnages et de vos adversaires. Par exemple, votre guerrier est le premier à pouvoir agir, vous lui ordonnez d'attaquer un ennemi. Puis vient le tour de votre mage. Vous lui ordonnez de préparer un sort, ce dernier prenant du temps pour se lancer (défini par un nombre X de tours), votre mage ne pourra donc le lancer que dans X tours. Puis vient le tour d'un adversaire et ainsi de suite. Un système plus simple à appréhender que celui en temps réel et plus agréable manette en mains mais qui perd en dynamisme et rallonge souvent la durée des combats. Dommage aussi qu'un défaut vienne un peu gâcher la fête, PoE 2 ayant quelques soucis de pathfinding.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas le terme, quand vous cliquez sur un point B et que votre personnage se déplace en partant d'un point A pour s'y rendre, le chemin qu'il va prendre est "calculé". PoE a parfois du mal avec ça. Dans le système avec les combats en temps réel pas de problèmes, même si un personnage prend une trajectoire "foireuse", il finira quand même à l'endroit prévu en faisant l'action prévue. Avec le système au tour par tour, ce n'est malheureusement pas le cas. Les déplacements étant limités par une barre d'action (vous ne pouvez vous déplacer que sur une certaine distance et effectuer une seule action pendant un tour), une trajectoire foireuse pénalisera les déplacements de vos personnages. De plus, les personnages ne se déplaçant que 1 par 1 au lieu de tous en même temps comme dans l'autre système, il y aura parfois des problèmes de collisions. Parfois l'un de vos personnages ne pourra pas passer entre deux autres membres de votre groupe par manque de place, ce qui vous demandera de faire un détour ou de revoir votre formation. Dans les deux cas, pas de mauvais choix, les deux systèmes sont plaisants. On aura juste tendance à plus conseiller le tour par tour aux novices en termes de "vrai" RPG car comme nous allons le voir, PoE 2 est un jeu touffu où la gestion et la tactique sont importantes, beaucoup plus que dans des action-RPG tels que les Mass Effect et autres Witcher.

 

Des possibilités de création quasi infinies

PoE 2 est un RPG très paramétrable. Obsidian a pensé à tout le monde et cela se ressent dès le choix du niveau de difficulté. Il y a le mode Normal, un mode Facile, un mode Difficile et même des options hardcore pour les fous furieux, comme un mode qui n'autorise qu'une seule sauvegarde qui disparaît si vous mourez, vous obligeant ainsi à tout recommencer. Mais il y a aussi l'exact opposé avec le mode Story. Ici, les règles du jeu sont "truquées" pour avantager le joueur. Vos personnages ont des bonus, tous les adversaires ont des malus, il est quasi impossible de mourir dans ce mode ce qui permet au joueur de se concentrer sur les quêtes et l'histoire sans trop se soucier de la gestion du groupe ou de l'aspect tactique des combats. Un choix qui peut être salvateur pour les nouveaux venus ou ceux qui n'y arrivent pas en difficulté normale mais qui veulent quand même profiter du jeu. Car oui, PoE 2 est un RPG, un vrai. Oubliez les action-RPG dans lesquels votre perso n'a pas de stats précises et dans lesquels la partie RPG est réduite à de simples choix de quêtes. Dans PoE 2, on comprend l'ampleur du jeu dès la création du personnage.

Vous pouvez bien sûr choisir le sexe de votre héros (un choix sans grandes conséquences) mais très vite les choses sérieuses commencent avec le choix de la race. On retrouve les classiques humains, elfes ou encore nains mais aussi les divins (des êtres ayant hérité de caractéristiques non-humaines, cornes, yeux blancs, etc.) ou encore les Orlan (des êtres de petite taille ressemblant à des animaux). Chaque race donne des spécificités, un nain aura par exemple un gros bonus de constitution et un malus de dextérité. Vient ensuite le choix de la classe. C’est le plus dur et le plus important tellement elles sont nombreuses. On retrouve bien évidemment les valeurs sûres telles que le guerrier, le mage, le barbare, le paladin mais aussi quelques inventions d'Obsidian. Et comme si ça ne suffisait pas, chaque classe dispose de sous-classes. Ainsi si vous choisissez mage, vous pouvez partir sur un mage de base ou sur une sous-classe. Qu'est-ce qu'une sous-classe ? C'est une variante de la classe de base mais avec un système de bonus/malus. Vous pouvez par exemple créer un mage évocateur qui sera plus puissant qu'un mage normal pour les sorts d'évocation (comme la boule de feu) mais en contrepartie votre personnage n'aura pas accès à toutes les écoles de sorts et sera donc privé d'une bonne partie des sorts disponibles pour le mage classique.

Chaque classe de base possède donc plusieurs variantes mais il y a encore une autre possibilité nommée multiclasse. En quoi cela consiste ? Tout simplement à faire un mix entre deux classes de base. Par exemple, vous hésitez entre un guerrier et un voleur ? Vous pouvez faire un bandit qui est un mélange des deux classes. L'avantage ? Votre personnage possèdera les deux arbres de capacités des deux classes au lieu d'un seul. Le désavantage ? Vous devrez dépenser vos points d'XP dans deux arbres au lieu d'un et il sera donc plus difficile d'obtenir les capacités de haut niveau. Vous ne pourrez également pas acquérir toutes les capacités du guerrier ou du voleur. Un choix qui demande donc de bien penser son personnage. Fort heureusement avant de valider votre choix de classe, vous pouvez visualiser les arbres de capacités afin de savoir de quoi va être capable votre personnage et à quoi il aura accès.

Vient ensuite le choix des attributs : Force, Intelligence, Constitution, Dextérité, etc. Des stats que vous pouvez augmenter et baisser à votre guise avec un système de points limités. Des stats à bien répartir puisqu'elles resteront fixes pour tout le reste du jeu. Votre arbre de capacités et vos compétences évolueront en cours de jeu mais pas vos attributs, il faut donc bien faire attention en attribuant ses points. Encore une fois Obsidian a pensé à simplifier la vie du joueur avec des indications pour ceux qui seraient un peu perdus. Ainsi, pour chaque classe choisie, quand vous arriverez à l'écran de répartition des points, vous pourrez apercevoir des étoiles dorées en face des attributs les plus importants pour votre personnage et des étoiles argentées sur ceux à ne pas négliger. Peu de chance de se tromper donc, d'autant plus que des textes explicatifs sont bien entendu présents à l'écran pour vous guider. Viendra enfin le choix du background. Vous allez devoir choisir le lieu d'origine et l'activité qu'exerçait votre personnage avant de devenir un héros. Le lieu d'origine est important puisqu'il vous donnera un bonus d'attributs.

Exemple : un mage doit favoriser l'intelligence, choisir un lieu d'origine donnant un bonus de +1 en intelligence est donc une bonne idée. Important également, le choix de l'activité qu'exerçait votre personnage avant détermine les bonus de compétence avec lesquels vous allez démarrer le jeu. Un passé de mercenaire vous octroiera des bonus dans les compétences survie et intimidation alors qu'un passé d'aristocrate vous octroiera des bonus en histoire et en diplomatie. Voulez-vous créer un combattant ancien mercenaire n'hésitant pas à intimider les autres pour résoudre les conflits ou un mage ancien aristocrate favorisant les solutions pacifiques via le dialogue ? Le choix vous appartient totalement et le nombre de profils différents possibles est tout simplement énorme. Bien sûr, tout ça se conclura par le choix d'un nom et par une légère customisation de l'aspect visuel de votre personnage. N'espérez pas une création ultra fouillée de A à Z, vous devrez vous contenter de deux ou trois visages, d'une dizaine de coiffures et du choix d'un portrait (via de très belles illustrations) pour représenter votre héros. C’est le seul point décevant en termes de création car le plus limité.

Dernier point à aborder : vous pouvez importer votre personnage venant de PoE1 si vous souhaitez continuer avec lui et surtout conserver vos choix de quêtes effectués dans le premier opus. Et si vous n'avez pas fait le 1 ? Quid des conséquences ? Pas de panique, là encore, Obsidian a prévu le coup. Vous devrez choisir entre plusieurs possibilités indiquant votre comportement pendant les événements de PoE 1. Avez-vous été un bon samaritain défendant la veuve et l'orphelin ? Ou encore un être de la pire espèce répandant le malheur partout où il passe ? A moins que vous n'ayez été un roublard aidant les gens quand cela vous arrangez le plus... et si rien de tout ça ne vous satisfait vous pouvez créer une simulation customisée de vos choix dans PoE 1 via un questionnaire qui vous demandera comment votre personnage a réglé chaque quête importante du premier jeu.

 

CV : Je suis un aventurier, chef de groupe, capitaine de bateau, envoyé des dieux

Une fois tout ce qui touche à la création, à la difficulté et au système de jeu réglé, il est grand temps de partir à l'aventure. PoE 2 fait évidemment suite au 1. A la fin de ce dernier votre personnage profitait d'un repos bien mérité dans sa forteresse. Une forteresse sous laquelle était enfouie une gigantesque statue. Un beau jour, la statue s'éveille, détruit tout sur son passage et aspire toutes les âmes des gens vivant aux alentours. Enfin toutes les âmes sauf la vôtre. Berath, une déesse, a en effet d'autres projets pour vous. Elle vous apprend que la gigantesque statue est contrôlée par le dieu Eothas qui s'en sert comme vaisseau. Pourquoi a-t-il fait ça ? Vers où se dirige t-il ? Quel est son but ? C'est ce que Berath veut que vous découvriez. Elle fait de vous son héraut et vous renvoie dans votre enveloppe charnelle. Comme pour la création du personnage, PoE 2 prend le temps de donner la main au joueur avant de le lâcher complètement libre dans son monde ouvert. Tout commence donc sur une île sur laquelle échoue votre bateau. Une île où vous apprendrez les rudiments du combat, où vous obtiendrez vos premières quêtes et où vous rencontrerez vos premiers compagnons. Dans PoE 2, vous ne voyagez pas seul. Vous allez rencontrer au fil du jeu tout un tas de personnages que vous pourrez accepter dans vos rangs.

Des compagnons de voyage qui disposent d'une personnalité propre et d'une quête personnelle que vous pourrez les aider à résoudre. Il faudra d'ailleurs faire attention car tout le monde ne s'entendra pas forcément bien. Xoti, prêtresse du dieu Gaun, qui est très respectueuse des religions ne s'entendra pas à merveille avec Pallegina, une paladin qui a une aversion toute particulière pour ceux qui suivent leur dieu aveuglément. De petites interactions qui rajoutent du piment et donnent l'impression que l'on dirige un groupe vivant. Vous pourrez également recruter des acolytes, comme les compagnons, ce sont des personnages préconçus mais qui n’ont ni personnalité propre, ni quête personnelle, ce qui de fait les rend bien moins intéressants. Pourquoi permettre de recruter autant de profils différents ? Eh bien tout simplement parce que PoE 2 vous mettra constamment à la tête d'un groupe pouvant aller jusqu'à 5 membres maximum et que ce groupe devra être un minimum équilibré. Partir à l'aventure avec 5 guerriers au corps à corps ou 5 mages n'est pas vraiment une bonne idée et mieux vaut alterner les profils. Un guerrier pour taper fort, un prêtre pour booster et guérir, un mage pour faire de gros dégâts de zone, un paladin pour attirer les ennemis sur lui et encaisser, etc., ce sera à chacun de faire sa dream team et de l'adapter si le besoin s'en fait sentir en changeant certains membres. Pour les perfectionnistes, il est même possible de créer soi-même des personnages (de la même façon que l'on crée son personnage principal) à la volée pour se faire une équipe entièrement customisée.

Dans PoE 1, le joueur entrait à un moment donné en possession d'une forteresse qui ajoutait un petit côté gestion sympathique. Dans PoE 2, point de forteresse puisqu'elle est détruite mais un bateau, le Défi, dont vous serez le capitaine. Encore une fois, cela rajoute une couche de gestion sympathique. Il faudra recruter de l'équipage (un navigateur, des canonniers, un cuistot, etc.), améliorer le bateau (armes, type de voiles, etc.) mais aussi veiller aux stocks puisqu'il faudra prévoir des boulets de canon, du matériel de réparation, de quoi soigner des blessés et bien sûr des provisions, sans oublier les salaires. Mal gérer son équipage peut d'ailleurs entraîner une mutinerie. Mais pourquoi donner autant d'importance à un bateau ? Tout simplement car PoE 2 se déroule dans l'archipel du Feu éteint, la map du jeu est composée de très nombreuses îles et votre bateau sera donc obligatoire pour s'y balader en toute liberté. Cette structure permet au jeu de varier ses ambiances et ses décors, bien plus que dans le premier opus. Endroit désertique, forêt, montagne enneigée... tout est là ou presque. Certaines îles n'ayant pas de nom, vous aurez la possibilité, une fois ces dernières explorées, de les nommer vous-même. Après la première île du jeu qui sert de tutoriel, vous serez donc lâché en total liberté sur les mers. Libre à vous de partir à l'aventure tout de suite, il est néanmoins fortement conseillé de faire un tour à Neketaka avant. Plus grande ville du jeu, la cité est gigantesque et s'étend sur plusieurs niveaux, de son palais majestueux aux ruines inquiétantes de la vieille ville, elle sert un peu de hub central vers lequel retourner en cas de pépin, en plus de fourmiller de quêtes.

PoE 2 propose plusieurs phases de jeu. Il y a les combats bien sûr, l'exploration mais aussi certaines phases particulières qui se déroulent un peu en mode "livre dont vous êtes le héros" (pour ceux qui ont connu ça dans leur jeunesse). A certains endroits, à certains moments, le jeu va afficher un double écran semblable à un livre ouvert. Il y aura des dessins et une description de situation. Par exemple, vous rentrez dans une grotte, l'écran s'ouvre en mode livre. Vous voyez un dessin en noir et blanc de la caverne et un texte du style "vous entendez un son venant de l'intérieur". S'offrent alors à vous plusieurs choix, dont la plupart seront liés à vos compétences. Par exemple "vous avancez discrètement pour savoir d'où vient le son sans vous faire repérer". Si votre équipe ou le personnage que vous choisissez pour agir a assez de points dans la compétence furtivité, vous pourrez alors avancer discrètement pour connaître la suite. Les passages de ce style sont nombreux, rendent utiles diverses compétences telles que la survie (pour pister) ou encore l'athlétisme (pour escalader une paroi) et sont très réussis visuellement.

A noter qu'il y a également des batailles navales dans le jeu, vous pouvez attaquer d'autres bateaux ou être attaqué et ces batailles se déroulent elles aussi via un écran typé livre où vous choisissez vos actions (avancer vers le bateau ennemi, charger les canons, tenter une manœuvre). Bien sûr vous pourrez également tenter un abordage, ce qui entraînera une phase de combat avec votre équipe sur le pont des bateaux. Pour vous balader, le jeu propose deux types de gameplay entre lesquels vous pourrez alterner à tout moment. Dans le premier qu'on pourrait nommer "mode manette" vous dirigez votre groupe avec le stick gauche comme dans la plupart des jeux. Dans le deuxième qu'on pourrait appeler "mode souris", un pointeur apparaît sur l'écran et le joueur le déplace avec le stick gauche. Positionnez-le à un endroit puis appuyez sur A et votre équipe s'y rendra toute seule. Honnêtement les deux sont utiles, le mode manette est plus rapide et intuitif (normal sur console) mais parfois un peu imprécis quand on veut examiner un objet en particulier, le mode souris étant alors le parfait moyen d'y remédier.

 

Quêtes et exploration

Au cœur du jeu se trouve donc une quête principale qui servira de fil rouge, la poursuite du dieu Eothas. Mais ce qui fait tout le sel de PoE 2, c'est ce qui va venir se greffer autour. Beaucoup d'autres quêtes importantes vont vite venir garnir votre journal. Certaines seront liées à des intrigues entre les différentes factions qui peuplent le jeu, d'autres détermineront le sort d'une région, certaines vous demanderont de régler un conflit entre deux familles puissantes. L'archipel du Feu éteint est une mine d'activités dans lequel une nouvelle quête ou encore un lieu mystérieux à explorer vous attend à chaque nouvelle île découverte. Quelle faction aiderez-vous ? Encouragerez-vous les autochtones ou les compagnies commerciales venues exploiter certaines ressources ? Rien n'est jamais blanc ou noir dans PoE 2 et même au sein d'une même faction, plusieurs courants peuvent se confronter comme chez les pirates locaux au sein desquels deux mouvances coexistent difficilement. Aiderez-vous l'une des deux à prendre l'avantage ? Il se dégage de tout ça une agréable impression de vraiment avoir une influence sur l'univers du jeu.

Toutes les quêtes, même les annexes, ont bénéficié d'un soin tout particulier dans leur écriture, offrant tout le temps plusieurs embranchements qui peuvent même changer en cours de route en fonction de vos actions. Parfois tout se réglera sans le moindre combat, parfois une erreur mènera à un bain de sang non voulu. Quoi qu'il en soit, le joueur sera toujours récompensé pour avoir résolu une quête, via l'XP mais également via des récompenses en objets. Au final tout ça vient se greffer sur la quête principale pour l'enrichir et impliquer le joueur dans le rôle qu'il veut jouer au sein de l'archipel. La façon naturelle avec laquelle les quêtes s'ajoutent au fil rouge de l'aventure rend le tout vraiment organique et cohérent. Il faudra jongler avec la politique, les complots, les trahisons et chaque choix façonnera un peu plus votre héros... mais également vos compagnons puisque ces derniers réagiront à vos actions. Vous pourrez même en influencer certains et les faire basculer vers la lumière ou les ténèbres. Vous pourrez être un modèle de bienveillance, un tyran de la pire espèce, un roublard n'hésitant pas à tirer avantage de chaque situation ou encore un traître vicieux aiment comploter dans le dos des autres.

Autre bon point, l'exploration est elle aussi fortement récompensée. Vous avez accosté sur une île ? Vous l'avez explorée de fond en comble sans rien trouver ? Avant de partir vous diriger vers le dernier point d'intérêt sur la map, un petit bosquet, et alors que vous pensiez partir cinq minutes plus tard, vous voilà en train d'explorer un vieux temple depuis pas loin d'une heure. Un vieux temple au fond duquel vous trouverez sûrement une récompense de choix. A titre personnel, nous avons trouvé une excellente robe pour notre mage (l'une des meilleures du jeu) en explorant au hasard. Un équipement à ne pas négliger puisqu'il vous faudra équiper tout votre groupe du mieux possible. Certaines pièces, armes comme armures, peuvent même êtres enchantées pour obtenir d'importantes améliorations. Si vous avez de la chance vous trouverez même une arme que vous pourrez lier à votre personnage principal. Liez votre âme à cette dernière, remplissez certaines conditions et sa puissance grandira. Si vous voulez terminer le jeu en ligne droite, il vous faudra sans doute une bonne quarantaine d'heures pour en venir à bout. Si vous voulez tout explorer, faire toutes les quêtes possibles, vous pouvez tabler sur minimum le double. On peut facilement passer pas loin d'une centaine d'heures sur le jeu si on veut en découvrir les moindres recoins. Et sans compter sur l'excellente rejouabilité que propose PoE 2 puisque refaire le jeu avec une classe différente, des choix différents et un système de combat différent change totalement l'expérience.

 

Bonus/Malus

Comme évoqué en introduction, PoE 1 et 2 utilisent un univers riche et vaste. Dans PoE 1, cela pouvait devenir un défaut tant appréhender le tout demandait un investissement conséquent. Une erreur corrigée ici via une astuce ingénieuse. A chaque fois qu'un terme particulier apparaît dans un dialogue (le nom d'une faction, le nom d'un dieu, etc.), ce dernier est souligné et d'une couleur différente. Il suffira alors au joueur de placer le curseur sur le mot en question et une petite infobulle apparaîtra avec un rapide résumé. Une idée salvatrice qui permet de profiter de l'univers du jeu sans avoir besoin d'aller fouiller dans un codex au moindre trou de mémoire. La trame principale, parfois difficile à suivre dans PoE 1, est ici bien plus simple et limpide. Les enjeux sont clairs dès le départ et le resteront. Si on fait un rapide bilan, on pourrait se dire que PoE 2 est un excellent RPG quasi parfait et qu'il n'a pas de gros défauts… Malheureusement ce n'est pas le cas.

C'est sur sa partie technique que PoE 2 se loupe un peu. Graphiquement rien à signaler, la direction artistique est très bonne, le jeu est très agréable à l'œil et les musiques sont souvent sublimes. Non les soucis viennent majoritairement de trois choses. Premièrement, les temps de chargement. Courts sur PC, ils sont bien plus longs sur console. Sortir ou entrer dans un bâtiment, passer à une autre partie de la map, monter ou descendre du bateau, etc., tout ça entraine un temps de chargement assez conséquent (souvent une bonne vingtaine de secondes voir presque trente parfois). Dit comme ça, ça peut ressembler à du chipotage mais quand on doit naviguer entre les quartiers de Neketaka pour des quêtes et rentrer dans divers bâtiments, ces coupures deviennent vite assez énervantes et cassent énormément le rythme du jeu. Un défaut déjà présent dans PoE 1 et pour lequel les développeurs n'ont pas trouvé de solution miracle, il faudra donc faire avec. Ensuite il y a les soucis de performances. Sur Xbox One (même X), le framerate du jeu subit parfois de grosses baisses bien visibles. La première arrivée à Neketaka, une bataille en pleine mer sur des ponts de bateau sont autant de situations durant lesquelles le framerate dégringole bien en dessous des 30 fps. PoE 2 peut être assez exigeant en ressources processeur sur PC, c'est donc également le cas sur console et cela se ressent. Et enfin, il y a des bugs. Dans certains endroits étroits, le jeu peut avoir des loupés comme par exemple le mode combat qui reste actif alors que les ennemis proches sont tous morts ou encore des ratages qui empêchent de contrôler ses personnages correctement en mode manette. De petits soucis qui peuvent se régler en rechargeant une sauvegarde mais qui font taches quand même. En parlant de sauvegarde, juste un mot pour vous donner un conseil : sauvegardez souvent, le plus possible, c'est très rapide et sur ce genre de RPG où un combat qui tourne mal peut vous coûter cher, le fait d'avoir une sauvegarde datant d'il n'y a même pas cinq minute peut se révéler salvateur (des sauvegardes automatiques sont évidemment présentes).

 


L'un des meilleurs RPG de cette génération de consoles
Malgré des soucis techniques gênants et quelques petits ratés sur le mode combat au tour par tour, PoE 2 se positionne clairement comme l'un des meilleurs RPG de cette génération de consoles. Avec un système efficace, un univers réussi, des possibilités énormes en termes de création de personnage et d'options tactiques pendant les combats, une exploration agréable et toujours récompensée, du contenu à ne plus savoir qu'en faire, des musique réussies et une qualité d'écriture souvent irréprochable, difficile de bouder son plaisir. D'autant plus que le jeu fait tout son possible pour contenter tous les profils de joueurs avec ses différents niveaux de difficulté convenant autant aux novices qu'aux vieux barbus taciturnes ayant fait leurs classes sur les antiques et cultes Baldur's Gate. Tout est fait pour que le débutant ne soit jamais perdu, tout est fait pour qu'un habitué du genre se sente à la maison et ait droit à un vrai challenge. La seule question qui reste finalement : est-ce que vous allez accrocher ? PoE 2 est un vrai gros RPG à l'ancienne, qui demande un minimum de réfléchir pour créer son perso, former son équipe et gérer les combats. Et s’il reste accessible, il l'est beaucoup moins qu'un The Witcher 3, un Dragon Age Inquisition ou un Mass Effect Andromeda. Comme Divinity Original Sin, il est l'héritier d'un genre ancien qui était tombé en désuétude et qui a pu renaître de ses cendres grâce au crowdfunding sur PC. Avec Pillars of Eternity, Obsidian se positionne comme le fils spirituel du Bioware de la fin des années 90. Moins clinquant que les action-RPG qui pullulent aujourd'hui sur console, PoE 2 est un digne représentant des vrais gros RPG à l'ancienne. Ce qu'il demande en plus en termes d'investissement, il vous le rendra au centuple en termes de satisfaction pour peu que vous accrochiez à son univers et à ce que les deux types de système de combat proposent.

 

 

Post publié par Damzé le 18/02/2020 01:23

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